Qu'attend l'Italie pour réduire sa dette

Tandis que le Professeur, Premier Ministre, Ministre des Finances de l’Italie, Mario Monti, continue son pèlerinage pour obtenir que les autres l'aident à résoudre les problèmes italiens, l’inaction financière de Rome prend un tournant inquiétant.

L'Italie et le reste de l'Europe, frappés par la crise, se rapprochent de la "fin du tunnel", a affirmé le chef du gouvernement italien Mario Monti, avant de partir pour sa mini-tournée européenne. On se demande sur quelle base repose son optimisme. Il y multipliera les interviews et les déclarations qui pointent le doigt en direction de l'Allemagne et de la France, ce qui n'arrangera pas les choses. Il ira même jusqu’à déclarer que l'Allemagne est un des principaux bénéficiaires de la crise.

Credit Writedowns, blog spécialisé dans l’analyse des risques d’amortissement sur crédits, écrivait cette semaine : "La nervosité du marché sur l'Italie a été de plus en plus forte ces dernières semaines, avec une mise à niveau de la note de Moody’s (…) Alors que la situation à l'intérieur de son pays semble se détériorer, Mario Monti a fait le tour des capitales européennes pour tenter de rallier un soutien. A Helsinki, il leva un sourcil ou deux quand il avertit que sans un plan sérieux pour faire baisser les taux d'intérêt, la désaffection à l'égard de l'euro dans son pays pourrait facilement atteindre des proportions dangereuses. Crier "au loup" ou information d'initié ? Probablement un peu des deux."

Depuis deux ans, nous sommes peu nombreux, mais déterminés, à dénoncer le risque italien comme le plus grave pour l’Europe et l’Eurozone. Qui cherche-t-on à protéger par ce silence assourdissant ?



Les dernières semaines ont permis une baisse des taux italiens qui présentent une opportunité de consolidation à un taux décent.

Ni Mario Draghi, Président de la BCE et ancien Gouverneur de la Banca d’Italia, ni Mario Monti, ni professore Vittorio Grilli, le sous-Ministre des Finances adjoint, n’ont pris la moindre mesure pour gérer l’échéancier des 1 950 milliards d’euros de dette de la péninsule. Aucun dialogue n'est entamé avec les banques. Oserais-je mentionner que Goldman Sachs, où Draghi et Monti ont occupé des fonctions, a diminué sa position italienne de + 2 400 a - 997 millions de dollars, soit une vente de 3,5 milliards de dollars.



Ne comptons pas sur la BCE. Son apport sera marginal. Hier encore, le Gouverneur de la Banque Nationale de Belgique, Luc Coene, confirmait que "l’achat par la BCE d’obligations italiennes ne résoudra pas le problème de l’endettement italien… mais affaiblira la BCE."

Habitué à résoudre ses problèmes d’endettement par la dévaluation de sa devise, le Tesoro italien semble incapable de prendre des mesures qui pourraient calmer le jeu. Aucune initiative ne se dessine a l'horizon.

Vittorio Grilli a annoncé dans une interview au Corriere della Sera, la vente de 15 a 20 milliards d’actifs, soit 1 % de la dette publique italienne sur plusieurs années. Autant dire rien.

Un emprunt spécial de conversion

Au risque de me répéter, je continue à préconiser l’émission d’une tranche spéciale destinée aux détenteurs d’obligations italiennes venant à échéance en 2012 et 2013. Cette émission à cinq ans, avec deux années sans remboursement en principal, serait ouverte à la conversion jusqu'à la fin de 2013. Seul le prix d’émission serait variable. Le taux serait de 5 %, taux de rendement des obligations existantes pour cette échéance.

Cette émission permettrait à l’Italie de diminuer les risques associés à son échéancier de 500 milliards d’euros d’ici à la fin de 2013. Les institutions qui en feraient la conversion n’auraient aucun sacrifice à faire dans la mesure où ce sont les conditions du marché. Une telle mesure serait de nature à affecter les taux italiens de manière positive infiniment plus efficacement que les obligations « Draghi » souscrites par la BCE.

L’argument qui a été avancé contre cette idée simple semble douteux. Principalement, cela signifierait une restructuration de la dette italienne qui pèserait sur son avenir. C’est exactement l’inverse, puisqu’il s’agirait d’une conversion totalement volontaire dans un emprunt dont les conditions d’émissions sont en ligne avec le marché.

La réalité, c’est que, comme les autres pays européens en difficulté, l’Italie est terrorisée à l’idée de prendre le taureau par les cornes. Ce qu’il faudrait, c’est un émissaire européen crédible qui convainque les détenteurs d’obligations de la nécessite et des avantages de la formule. C’est plus utile que le pèlerinage du Premier Italien auprès des Européens pour se faire assister.

L’Italie et Eurozone continueront leur surendettement en 2013

Ce serait aussi plus digne de l’Italie qui, selon les prévisions de l’OCDE (tableau ci-dessous) aurait un ratio de 122 % de sa dette par rapport à son PIB, une récession et une impossibilité de faire baisser ce ratio. C’est le risque le plus important (en euros) parmi les pays européens dont la dette publique représente 100 % ou plus de leur PIB à la fin de 2013. Certains noteront que la France et la Belgique figurent dans ce peloton peu glorieux.



Dette/PIB 2012 2013
Grèce 168.0% 173.1%
Portugal 124.3% 130.1%
Irlande 121,6% 126.9&
Italie 122,7% 122.1%
France 105.5% 107.3%
Belgique 103.1% 102.0%
Eurozone 99.9% 99.1%


L’épée de Damoclès au-dessus de la tête de l’Italie est assez puissante pour faire imploser l’Eurozone

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Mao surf biensur mais aussi batterie a ces temps perdus