Bonne nouvelle pour la zone euro, la crise touche l'Allemagne



Angela Merkel recevant le Premier ministre grec Antonis Samaras, le 24 août à Berlin. La chancelière a souligné les efforts méritoires que la population grecque faisait et réaffirmé que la Grèce resterait dans la zone euro.Copyright Reuters
Robert Jules | 05/09/2012, 14:12 - 862 mots

Le fait que l'Allemagne voit à son tour son moteur économique ralentir sérieusement oblige les leaders de la zone euro à agir pour trouver une solution concrète pour réduire les écarts de taux, recapitaliser le système bancaire, défendre la monnaie unique, relancer la croissance et faire baisser le chômage.
En cette fin d'été, la gestion de la crise de la zone euro a pris une autre dimension. L'année dernière encore, « contagion » faisait partie du vocabulaire obligé des leaders européens. Il fallait à tout prix éviter que les problèmes de la Grèce ne se communiquent aux autres maillons faibles de la zone. Aujourd'hui, on n'en parle plus. En effet, après le Portugal, l'Italie, l'Espagne, l'Autriche, les Pays-Bas, la France, la contagion est devenue une réalité même en Allemagne.

L'institut de recherche DIW a révisé à la baisse sa perspective de croissance au troisième trimestre outre-Rhin, de 0,3% à 0,2%, et syndicats et patronat évoquent désormais le recours au chômage partiel pour faire face aux difficultés qui s'annoncent sur fond de hausse de chômage.

Cercle vicieux

Certains pays du nord, comme les Pays-Bas et l'Autriche, hier encore faucons extrêmement critiques à l'égard des cigales du sud, sont à leur tour pris dans le cercle vicieux : politique d'austérité qui pèse sur la croissance qui en retour oblige à réduire les dépenses publiques ou augmenter les impôts. Le but est en effet d'atteindre l'objectif d'une réduction du déficit public de 3% du PIB en 2013, un objectif qui va devenir mission impossible pour un nombre croissant de pays .

En résumé, tous les membres de la zone euro sont aujourd'hui dans la même galère même si chacun occupe un siège plus ou moins confortable. Selon la Commission européenne, le PIB de la zone euro devrait se contracter de 0,3% cette année.

Signe manifeste qu'il faut agir, depuis la mi-août, les leaders européens ont délaissé le téléphone et les communiqués plus ou moins impressionnistes et ont beaucoup pris l'avion pour se rencontrer, notamment en bilatéral. Jamais depuis le début de la crise, on n'avait vu un tel empressement. Ainsi, tant Angela Merkel que François Hollande ont publiquement indiqué qu'il n'était pas question que la Grèce quitte la zone, et Mariano Rajoy en Espagne et Mario Monti en Italie tirent la sonnette d'alarme : ils imposent à leur pays des remèdes de cheval mais une partie de leurs problèmes dépassent le cadre national.

L'Allemagne a plus à perdre qu'à gagner

Il y a d'abord ces écarts de taux qui ne reflètent pas la volonté effective de réduire les déficits publics, en particulier en Espagne et en Italie, qui restent punis par des taux rédhibitoires supérieurs à 6% pour se financer. Ce n'est pas tenable d'autant que c'est l'euro lui-même qui serait le plus fragilisé, un euro que l'Allemagne n'entend pas laisser disparaître tant il est lié au dynamisme même de son économie. Angela Merkel n'a cessé de le marteler ces dernières semaines, l'Allemagne aurait plus à perdre qu'à gagner en cas de disparition de la monnaie unique.

Sur ce point, Mario Draghi, le patron de la BCE, s'est dit prêt sous certaines conditions à racheter de la dette européenne ce qui serait un changement majeur et un signal fort envoyé aux marchés. Ceux-ci ont déjà relaché la pression sur les emprunts à à court terme, une détente qui montre qu'ils n'attendent que d'être convaincus pour jouer le jeu. Reste à savoir ce qu'il en sera de l'action concrète. La conférence de presse de « Super-Mario » qui suivra le conseil des gouverneurs de la BCE jeudi permettra de s'en faire une idée plus précise. Les marchés en attendent beaucoup.

Découpler le risque bancaire et le risque souverain

Outre la politique monétaire, il y a le problème bancaire qui continue comme en Espagne de plomber les efforts entrepris. La nécessité de découpler le risque souverain et le risque bancaire est évident pour l'ensemble des leaders, cela passe par la constitution d'une union bancaire, le projet est en cours, même s'il faut encore passer l'épreuve politique consistant à abandonner le contrôle national sur ses banques au profit d'une entité européenne.

Enfin, il y a la donne politique. Les plans de rigueur et de réformes engagés commencent à produire leurs effets dans certains pays, comme le Portugal et l'Irlande, et ceux en cours comme en Espagne et en Italie ne doivent pas avoir été menés en vain alors que les populations traversent des périodes difficiles qui ne peuvent se justifier que dans l'espoir d'un retour à la croissance.

Des partis qui prônent ouvertement la sortie de la zone euro

La crise a ébranlé la confiance que les populations de la zone euro avaient dans l'union monétaire. Ils sont tentés de choisir des partis qui prônent ouvertement la sortie de la zone euro ou du moins un changement radical du projet, partis d'extrême-droite et nationalistes comme le Front national en France, ou d'extrême-gauche, comme Syriza en Grèce, ou encore le parti socialiste aux Pays-Bas, donné vainqueur aux élections législatives de mi-septembre, et qui annonce déjà ne pas vouloir respecter la règle des 3% de déficit pour 2013.

Enfin, il y a le cas d'Angela Merkel. L'une des rares responsables, avec le luxembourgeois Jean-Claude Juncker, encore en place depuis le début de la crise, fin 2009. Elle doit se présenter devant les électeurs en 2013, et compte l'emporter. Pour cela, elle devra présenter un bilan européen compatible avec les attentes des Allemands : que la zone euro soit un avantage comparatif pour le pays et non un trou noir qui absorberait leurs impôts.

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Mao surf biensur mais aussi batterie a ces temps perdus