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50 nuances de Grey" : rarement un film n'a atteint un tel niveau debêtise. Pathétique.


LE PLUS. Avant même d'arriver sur nos écrans, "50 nuances de Grey" étaient sur toutes les bouches. L'adaptation du livre de E.L. James valait-elle vraiment qu'on en parle autant ? Notre chroniqueur Vincent Malausa se désole de ce nanar maussade et pathétique qui devrait tomber bien vite dans l'oubli.





Au bout de trois scènes, le verdict tombe : les acteurs jouent comme des pieds et le ridicule envahit chaque plan, tant la volonté de faire monter la tension érotique qui saisit la jeune pucelle Ana se transforme en concours de minauderies dignes d'un shooting pour un numéro spécial puberté d'"Okapi".
 
L'Éden perdu des années 1980

Se mordillant les lèvres toutes les cinq secondes, prenant des airs de jeune damoiselle prise de vertige à chaque réplique cinglante de son initiateur, la belle Dakota Johnson tente fébrilement de porter sur ses épaules ce roman de gare sans le moindre enjeu.

Chaque rebondissement fait figure de saynète drolatique, de la découverte de la chambre rouge du dominant (Ken dans une maison de Barbie SM) à la visite surprise de la mère, en passant par quelques apartés romantiques totalement malvenus.

Entre deux fessées Greg le millionnaire joue du piano dans son salon futuriste, fait le Mickey Rourke (le repompage plan par plan de la scène du glaçon de "9 semaines et 1/2")  ou embarque sa belle dans une virée en planeur. Le niveau de jeu de Jamie Dornan est aussi trouble que celui d'un Kev Adams et se limite, durant deux heures, à dissimuler une fissure intérieure qui explose le temps de cette révélation inouïe : "J'ai souffert de la faim et j'ai 50 nuances de folie".    

Rarement un film se voulant générationnel aura atteint un tel niveau de bêtise, révélant à la fois la nullité de l'imaginaire d'une époque rongée par le plus terne prosaïsme (les années 1980 semblent un Éden perdu à côté de cette décennie de puritanisme hardcore qui formate le cinéma contemporain) et l'aspect purement mercantile d'un tel projet.
 
Aucune tension sexuelle, mais un vide néantesque

Il faut attendre à peu près 1h15 pour que surgisse la première scène olé olé (une petite fessée en loucedé). N'y voyez surtout pas une manière de faire monter une quelconque tension sexuelle mais de révéler le vide néantesque sur lequel repose ce faux film rebelle : il s'agit surtout pour la cinéaste de garder en réserve ses quelques séquences provoc' (entendez : deux ou trois clips d'érotisme soft sur fond de ralentis télévisuels et de gémissements feints).

Aussi mesquin que bien-pensant, "50 nuance de Grey" effleure son sujet sans rien trancher, faisant de son playboy dominant une espèce de romantique frustré qui cherche à jouer les durs pour maintenir l'illusion de sa puissance sociale.

Les garde-fous du néo-féminisme ambiant autant que les plus stricts puritains trouveront sûrement matière à discuter ce remake du pauvre des grands films sexy des années 1980, mais l'ensemble devrait bien vite sombrer dans l'oubli le plus sûr.

Avec sa mise en scène complètement fake, ses comédiens en carton et sa volonté de ménager la chèvre et le chou sans jamais se laisser porter par le trouble dont il a fait son seul argument publicitaire, ce nanar maussade et pathétique n'est au fond que le reflet de la tristesse sans nom de son époque.  

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