La zone euro sans la Grèce : le scénario noir en 5 chiffres

Créé le 21-05-2012 à 17h01 - Mis à jour le 22-05-2012 à 09h42 44 réactions


Par Donald Hebert
Que coûterait à l'Europe la sortie d'Athènes de la monnaie unique ? A la France ? Au secteur bancaire ? Réponse, chiffres à l'appui.
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Que coûterait la sortie de la Grèce de la zone euro ? La question est dans toutes les têtes. Le 17 juin prochain, les nouvelles élections devraient confirmer, selon les sondages, la montée dans la péninsule des partis opposés aux coupes budgétaires imposées par Bruxelles, aux hausses d'impôts et aux privatisations, et favorables à une renégociation du plan de sauvetage de la troïka (BCE, FMI et UE). Bref, une nouvelle crise politique ouvrant une nouvelle voie à la sortie de la Grèce de la zone euro.

Avec l'introduction d'une nouvelle drachme, le pays connaîtrait le chaos économique : fuite de capitaux, fin des investissements, effondrement du système bancaire. Poussant la Grèce vers un défaut de paiement total, dont la zone euro, fortement exposée, assumerait le coût. Et en premier lieu : la France.

370 milliards d'euros, une addition salée pour la zone euro

C'est le coût potentiel pour l'Europe d'un défaut total de la Grèce. Les contribuables européens détiennent de la dette publique grecque de trois types : les prêts bilatéraux (l'Etat français prête directement à l'Etat grec), les engagements de la Banque centrale européenne (la BCE a racheté des obligations souveraines grecques), et les financements via le FESF (Fonds européen de stabilité financière). En tout, ces dettes s'élèvent à 291 milliards d'euros.

A cela s'ajoute la dette détenue par le secteur bancaire européen : 5,4 milliards d'euros d'obligations souveraines, 3,2 milliards d'euros de prêts aux banques grecques, et surtout 65 milliards d'euros de prêts aux entreprises non financières, selon Nomura.

65 milliards d'euros : le coût pour la France

C'est l'exposition de l'Etat français au défaut grec : 7,6 milliards d'obligations souveraines, 11,4 milliards de prêts bilatéraux, 15,9 milliards de garantie via le FESF, et 28,3 milliards via le système de paiement transeuropéen des banques centrales nationales (Target 2). En tout cela représente 3,2% du PIB.

L'Allemagne est plus exposée : 84,5 milliards d'euros (3,33% de son PIB). Viennent ensuite l'Italie (55,8 milliards d'euros), l'Espagne (36.9 milliards), les Pays-Bas (17,8 milliards) et la Belgique (10,8 milliards). Mais en proportion, l'Estonie et Malte sont plus exposés, leurs prêts représentant 4,5% de leur PIB.

39,5 milliards d'euros pour les banques françaises

C'est l'exposition des banques françaises, dont 37,6 milliards d'euros prêtées aux entreprises grecques non financières. Soit 60% de l'exposition totale des banques européennes. Les banques du Royaume-Uni détiennent 9,2 milliards d'euros d'engagements, plus que leurs homologues allemandes (8,3 milliards d'euros). Quant aux banques américaines, elles sont exposées à hauteur de 3,9 milliards d'euros.

25 milliards... pour le seul Crédit Agricole

Parmi les banques françaises, la plus exposée est le Crédit agricole, à travers sa filiale grecque Emporiki. En cas de défaut grec, la maison mère devrait renoncer à 5,2 milliards d'euros de trésorerie et de fonds propres. Elle serait de plus exposée au défaut des entreprises et ménages grecs, à qui elle a prêté environ 19 milliards d'euros. Toutefois, même dans le pire des cas, l'existence du Crédit Agricole en France ne serait pas inquiétée : la banque a 50 milliards d'euros de fonds propres et réalise environ 4 milliards de profits chaque année.

1,87 milliards d'euros d'exportations vers la Grèce en danger

C'est le montant de l'excédent commercial que réalise la France avec la Grèce. Viande, produits pharmaceutiques, raffinage, parfums, moteurs… la dégradation de la situation économique pénaliserait les entreprises françaises exportant vers la péninsule. La France est par ailleurs l'un des premiers employeurs privés, à travers les filiales de Carrefour, Michelin, Club Méditerranée, etc. Qui pâtirait sévèrement de la sortie de la Grèce de l'euro

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Mao surf biensur mais aussi batterie a ces temps perdus