La crise plonge l'Italie dans une vague de suicides


le 12 avril 2012 à 12h04 , mis à jour le 12 avril 2012 à 22h54
Dossier : Crise financière
Petits entrepreneurs, artisans ou chômeurs... Les difficultés économiques provoquent une vague de suicides en Italie. Un drame qui plonge le pays dans l'émoi et face auquel une association d'entreprises a mis en place un réseau d'aide psychologique.


© TF1/LCI
Alors que l'Italie a enregistre un nouveau taux record de 9,3% en février c'est un nouveau drame qui frappe les italiens : le suicide. Ces dernières semaines, les médias de la péninsule se font presque tous les jours l'écho du geste désespéré d'un entrepreneur, croulant sous les dettes et acculé à la fermeture, ou de salariés sans espoir de retrouver un travail. L'un des cas les plus emblématiques est la mort d'un maçon de Bologne (dans le nord du pays) après neuf jours d'agonie. Poursuivi par le fisc italien pour ne pas avoir payé ses impôts, il s'était immolé par le feu fin mars.

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Une mort qui a provoqué une immense émotion en Italie et la réaction des partis politiques. "C'est un terrible signe de désespoir, un cas unique de détresse qui illustre un moment de grande difficulté", a commenté l'ex-chef de gouvernement de gauche Romano Prodi après le geste désespéré du maçon. Leader du parti PDL de Silvio Berlusconi (droite), Angelino Alfano s'est dit de son côté "très blessé" par "une vague, qui n'a jamais été aussi longue, de suicides dus à des raisons de difficulté économique". Il s'agit "du reflet d'une situation insoutenable" sur le plan économique et social et non de "faits divers isolés", a jugé Sergio Marchionne, le patron du groupe automobile Fiat, la plus grande entreprise du pays. Le numéro un du parti Italie des Valeurs (gauche), Antonio Di Pietro, a en revanche suscité une vive polémique en attaquant le chef du gouvernement Mario Monti qui a, selon lui, "ces suicides sur la conscience" alors qu'il "raconte des mensonges dans les journaux sur la crise qui serait finie".

"La honte" des chefs d'entreprise
Face à cette recrudescence des suicides, l'organisation "Entreprises qui résistent" ("Imprese che resistono") vient de mettre en place dans plusieurs régions un réseau d'aide psychologique baptisé TerraFerma pour permettre aux entrepreneurs ou aux salariés de parler de leurs problèmes. Etranglées par les dettes, les arriérés d'impôts et les retards de paiement de leurs clients, elles ont par ailleurs beaucoup de mal à obtenir des crédits de leurs banques, raconte Massimo Mazzucchelli, entrepreneur de la province de Varese (nord) qui est à l'origine de ce projet.

Amener les entrepreneurs à s'allonger sur le divan n'est toutefois pas une chose aisée, reconnaît-il, alors qu'ils se sont "souvent faits tout seuls et sont habitués à résoudre leurs problèmes seuls". Psychanaliste en Vénétie (nord-est) participant à cette initiative, Kety Ceolin note que les entrepreneurs qui consultent sont assaillis par "la honte", n'ont "pas d'espoirs à moyen terme" et ont le "sentiment qu'il n'y a aucun interlocuteur à qui demander une aide concrète". Mais "pouvoir parler avec quelqu'un (leur) permet de s'ouvrir" et éviter "le risque de l'isolement qui amène à des gestes dramatiques", estime-t-elle.

Déjà frappée par une crise profonde en 2009, l'Italie, plombée par la crise de la dette et des plans d'austérité à la chaîne destinés à rassurer les marchés, vient de replonger dans la récession à la fin de l'année passée.


le 12 avril 2012 à 12:04

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Mao surf biensur mais aussi batterie a ces temps perdus