Des chenilles dévorent plusieurs milliers d’hectares de cacao en Côte d’Ivoire

« Mes quatre hectares de cacao sont partis. Mangés par les chenilles ! », se lamente Maxime Brou, agriculteur à Ahondo, un village du centre de la Côte d’Ivoire. Le pays, premier producteur mondial de cacao avec 1,8 million de tonnes produites en 2015, a vu 20 000 hectares détruits par Achaea catocaloides Guenée ces dernières semaines. Les villages et campements de Tiassalé, Taabo et Djékanou, situés dans le sud du pays entre Yamoussoukro et Abidjan, ont particulièrement souffert.

Cette chenille est la « nouvelle menace pour la cacaoculture », selon des chercheurs du Centre national de recherche agronomique (CNRA) de Côte d’Ivoire. « Tout est parti du village de Léléblé » il y a un peu plus d’un mois, explique à l’AFP Kra Kouamé, directeur départemental de l’agriculture à Taabo, où 6 000 hectares de cacao ont été abîmés.

Les chenilles se propagent très rapidement, elles mangent les feuilles, les fleurs et les cherelles (jeunes pousses) de cacao de jour comme de nuit. A Ahondo, un village de 5 000 habitants, au bout d’une piste poussiéreuse, toutes les plantations ont été attaquées. Désormais, il ne reste plus que des arbustes sans feuilles, desséchés par le soleil, qui s’étendent à perte de vue.

Situation « totalement sous contrôle »

Selon Nanga Coulibaly, membre du Conseil du café-cacao, l’organe de régulation de la filière, le réchauffement climatique a écarté les prédateurs naturels de la chenille qui s’est multipliée sans frein. La situation est désormais « totalement sous contrôle » après le déploiement d’équipes qui ont répandu des pesticides, promet-il. « Il n’y a pas de risque de propagation hors de cette zone (…), il n’y aura pas d’incidence » sur la production de cacao sur le plan national, a assuré M. Coulibaly. Au total, le verger national ivoirien est évalué à 2 millions d’hectares, a-t-il précisé.

Le cacao est vital pour l’économie ivoirienne. Ce secteur représente 15 % du PIB, plus de 50 % des recettes d’exportation et, surtout, les deux tiers des emplois et des revenus de la population, selon la Banque mondiale. M. Coulibaly reconnaît que les paysans touchés vont subir des baisses de revenus importantes.

A Ahondo, les chenilles dévorent toutes les cultures, comme les feuilles des bananiers et des ignames, faisant craindre pour les récoltes vivrières déjà durement touchées par la sécheresse. Entre 2014 et 2016, la pluviométrie a fortement baissé dans la région, a expliqué un responsable du ministère de l’agriculture. De janvier à juin 2016, il y a eu seulement 13 jours de pluie contre 28 jours à la même période en 2015.

Les paysans craignent que les cacaoyers ne refleurissent plus, ce qui mettrait en péril les vergers eux-mêmes et la production à long terme. Le chef du village d’Ahondo en vient même à redouter le pire : « En juin, on a eu seulement quatre jours de pluie puis plus rien, alors nous avons peur qu’il y ait une véritable famine. »

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Mao surf biensur mais aussi batterie a ces temps perdus