LANNEMEZAN « Le Constat De La Dette »



Extrait SYNTHESE DES OBSERVATIONS  DEFINITIVES COMMUNE DE LANNEMEZAN

1. La fiabilité des comptes
En matière d’information budgétaire, les annexes aux documents budgétaires sont incomplètes au regard des textes réglementaires. S’agissant du respect du principe de l’annualité, certains comptes d’attente ne sont pas apurés en fin d’exercice. Toutefois, leur montant est trop faible pour altérer le résultat. Par ailleurs, la fiabilité des comptes serait améliorée si la commune utilisait davantage le mécanisme des charges à rattacher. En effet, cela lui permettrait d’enregistrer et de comptabiliser ses charges sur l’exercice concerné. Ainsi, le résultat affiché ne pourrait être majoré par la non intégration de charges afférentes à l’exercice.
En matière de comptabilité patrimoniale, l’inventaire de la commune ne correspond pas à l’état de l’actif. La chambre invite donc la commune à procéder à un inventaire détaillé de ses biens et à transmettre une information suffisante au comptable public. En outre, plusieurs anomalies ont été constatées lors du contrôle des opérations liées aux amortissements. La chambre invite également la commune à les rectifier.
Enfin, en matière de comptabilisation de la dette, le compte 166 ne retranscrit pas de façon fidèle les opérations de refinancement. Or la commune a réalisé plusieurs refinancements de sa dette, qui nécessitent des inscriptions comptables à cet article. Le respect de cette règle permet de ne pas altérer le calcul de l’équilibre budgétaire relatif à la couverture de remboursement de l’annuité et de ne pas fausser la détermination de l’épargne nette.
2. La situation financière du budget principal
Les recettes de fonctionnement de la commune sont passées de 7,7 M€ en 2005 à près de 8,9 M€ en 2010. La progression des recettes fiscales, consécutive à l’installation de nouvelles entreprises, notamment l’entreprise Knauf, sont à l’origine de ce dynamisme des ressources de la collectivité.
En outre, la réforme fiscale procure à la collectivité des recettes supplémentaires, en particulier avec les ressources provenant des entreprises de réseau. Une autre modification découlant de cette réforme est que désormais la répartition de l’assiette fiscale pèse moins sur les entreprises et davantage sur les ménages.
Les dépenses de fonctionnement de la commune, en tenant compte des atténuations de charges, s’élevaient à près de 8,6 M€ en 2010 contre 8,5 M€ en 2005[1]. Les données des derniers exercices tendent à montrer une certaine maîtrise de ces dépenses. Cependant, il faut souligner que les renégociations de la dette et la baisse significative des dépenses exceptionnelles, qui avaient atteint un niveau élevé en début de période, sont pour partie à l’origine du ralentissement de la hausse en fin de période. Si l’on observe les charges de gestion, on constate qu’elles augmentent plus vite que l’inflation. Cela conduit, sur la période, à une augmentation annuelle en volume de 0,7 %. Au sein des charges de la commune, les dépenses de personnel et le remboursement de la dette occupent une place prépondérante. Le coefficient de rigidité est élevé (55 %) en moyenne. Les marges de manœuvre de la ville sont ainsi relativement étroites.
Par ailleurs, les dépenses de fonctionnement par habitant sont supérieures à la moyenne de la strate. L’écart avec les villes de la même strate se creuse en matière de dépenses de personnel et de service de la dette.
Toutefois, il faut souligner que le statut de ville centre de la commune induit des charges de fonctionnement pour certains services mis à disposition de la population de l’ensemble de l’agglomération. Ainsi, une réflexion sur la définition du périmètre de compétence de la communauté de communes à laquelle adhère la ville, si elle était engagée, permettrait une plus juste répartition des charges sur le territoire. Mais la hausse des ressources au rythme de 3,7 % par an, supérieur à la hausse des dépenses, a permis d’améliorer l’excédent brut de fonctionnement du budget principal.
Ainsi, si de 2005 à 2007 inclus, l’autofinancement dégagé par les opérations courantes de la section de fonctionnement tend à se réduire, la ville bénéficie ensuite d’un effet de ciseaux favorable. De 2005 à 2010, l’excédent brut de fonctionnement a augmenté de près de400 000€ pour atteindre plus de 1, 2 M€ en 2010. Malgré cette amélioration, la capacité d’autofinancement nette reste négative jusqu’en 2008 ; le retour à une épargne nette positive à compter de 2009 est dû en partie aux renégociations successives de la dette. Mais le taux d’épargne brute reste inférieur à 10 %, et est relativement faible lors des exercices sans renégociation de la dette. Ce niveau d’épargne faible a influencé le volume d’investissement de la ville. Après une période de stabilité (2006-2008), marquée par un niveau d’investissement élevé, la commune a sensiblement diminué ses dépenses d’équipement. Le faible niveau de la capacité d’autofinancement nette en début de période a certes obéré le financement propre disponible, mais ce dernier a été maintenu au-dessus de 1,3 M€ en moyenne, notamment grâce aux opérations de cession de la commune, ainsi qu’à une progression du FCTVA et des subventions reçues. Par la suite, le financement propre disponible est passé de moins de 1 M€ en 2008 à près de 1,5 M€ en 2010. Sans les opérations exceptionnelles que constituent les ventes d’immeuble et les renégociations, le financement propre de la ville restreint sa capacité d’investissement intrinsèque. Ainsi, le besoin de financement du budget principal a imposé à la commune des emprunts nouveaux chaque année jusqu’en 2007 afin de financer ses investissements. Le taux d’endettement élevé limite désormais sa capacité d’emprunt.
3. L’endettement et la gestion de la dette
Malgré le faible recours à l’emprunt depuis 2008, et le désendettement de la commune à compter de cette date, la charge de la dette pesant sur le budget principal de Lannemezan est importante. D’une part, elle est supérieure aux moyennes de la strate, d’autre part, elle représente un taux d’endettement de 151 %. Cette évolution pose le problème de la soutenabilité de la dette, puisque le ratio de désendettement est supérieur à 15 années et surtout, en fin de période (2008-2009), plus élevé que la durée résiduelle de la dette. Afin de réduire cette contrainte financière, la ville a conduit plusieurs opérations de renégociations qui ont eu pour conséquence de reporter dans le temps l’effort budgétaire, mais aussi d’augmenter le niveau de risque de sa dette. En effet, la part des emprunts structurés augmente sur la période, celle des emprunts classiques, à taux fixes ou variables, évoluant dans le sens contraire. Les renégociations successives, si elles permettent, en considérant que les taux futurs correspondent aux situations décrites par les tableaux prévisionnels d’amortissement, de dégager des marges de manœuvre budgétaires à court terme, ont cependant un coût pour la collectivité.
La comparaison des plans d’amortissement avant et après renégociation montre qu’au final la ville devra débourser350 000€ de plus que ce qu’elle aurait dû payer avec sa dette initiale, l’essentiel étant à régler à compter de 2021.
4. La commande publique
La réglementation ayant à plusieurs reprises modifié les seuils des procédures formalisées,la majorité des marchés passés par la commune relève de la procédure adaptée. Les dysfonctionnements constatés ne contreviennent donc pas au code des marchés publics en vigueur, mais le mécanisme de la passation de la commande publique de la ville gagnerait à être formalisé. Ainsi, la mise en place d’une procédure interne formalisée permettrait d’harmoniser les règles de passation en termes de publicité et d’information des candidats, et de préciser le contenu des analyses des offres. Il aurait également pour avantage de préciser la répartition des rôles de chaque acteur, ce qui ne paraît pas être le cas actuellement. Cette procédure formalisée pourrait utilement être complétée par la mise en place d’un contrôle interne effectif de la passation de la commande publique.
En matière d’exécution des marchés la ville a, à plusieurs reprises, dépassé les délais de paiement, ce qui aurait dû avoir pour effet le paiement d’intérêts moratoires. La chambre invite donc la commune de Lannemezan à veiller au respect des délais de paiement qui s’imposent à elle.
5. La gestion du personnel
La durée annuelle du travail dans les services de la commune est inférieure à la norme imposée par les textes. Le temps de travail effectif du personnel communal est inférieur de 53 heures par an à celui prévu par la réglementation. Le coût supplémentaire de ces avantages peut s’évaluer à plus de 96 000 €. Cette somme représente près de 25 % du montant de la  CAF nette (403 000 €) de la commune en 2010. En termes d’effectifs, la différence entre le nombre d’heures travaillées et la durée légale représente plus de 4 emplois à temps plein pour la ville. Par ailleurs le nombre de journées d’absence dues à la maladie a augmenté de plus de 9 %, passant de 3 458 journées en 2005 à 3 774 journées en 2010. L’absentéisme en 2010 représente environ plus de 17 emplois temps plein à 1554 heures par an, régime pratiqué à la mairie de Lannemezan.
Enfin, la multiplicité des délibérations relatives au régime indemnitaire nuit à la lisibilité du système. La chambre invite donc la commune à prendre une délibération unique afin de faire la synthèse des régimes existants et de leurs conditions d’application.
[1] Données modifiées à la suite de la réponse du maire en date du20 juillet 2012

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Mao surf biensur mais aussi batterie a ces temps perdus