La taxe sur les dépôts à Chypre fait craindre un précédent


La taxe sur les dépôts à Chypre fait craindre un précédent

Ou l'arme fatale anti "travail au noir"



La taxation des dépôts bancaires à Chypre décidée par la zone euro suscite l'inquiétude, aussi bien chez les politiques, les investisseurs et la population qui craignent que cette décision inédite n'ait créé un précédent. a taxe prévue est de 9,9% pour les dépôts supérieurs à 100.000 euros et de 6,7% en deçà

La taxation des dépôts bancaires à Chypre décidée par la zone euro suscite l'inquiétude, aussi bien chez les politiques, les investisseurs et la population qui craignent que cette décision inédite n'ait créé un précédent.
Le calme sur les marchés qu'avait réussi à ramener la banque centrale européenne (BCE) en s'engageant à acheter la dette d'Etat des pays de la zone en quantité illimitée pourrait être remis en cause si le schéma adopté pour Chypre devait se répéter dans le sauvetage d'autres pays.
Les Chypriotes ont appris samedi avec stupeur qu'une grosse partie de leurs problèmes étant due aux banques, le sauvetage de leur pays à hauteur de dix milliards d'euros par les ministres des Finances de la zone euro s'accompagnerait d'une taxation de leurs dépôts bancaires.
La taxe prévue est de 9,9% pour les dépôts supérieurs à 100.000 euros et de 6,7% en deçà. Elle doit permettre de récolter 5,8 milliards d'euros.
Les ministres de l'Eurogroupe ont eu beau insister pour dire que leur décision pour Chypre était exceptionnelle et que l'île ne représentait que 0,2% du produit intérieur brut (PIB) de la zone, les décideurs craignent que cette taxe ne déstabilise les banques dans d'autres pays de la zone euro.
"Cette mesure sans précédent est une mesure extrême et, à notre avis, elle va engendrer une certaine panique (...). On ne peut exclure des sorties de capitaux", estime Annalisa Piazza chez Newedge Strategy qui n'exclut pas à court terme un affaiblissement de l'euro.
Les Chypriotes se sont rués sur les distributeurs bancaires qui ont été vidés en quelques heures et n'ont pu en général accéder à leurs comptes bancaires, mesure qui n'est pas de nature à calmer la population.
MAJORITÉ PAS CONSTITUÉE
Si la taxe est votée lundi par le parlement- ce qui est loin d'être certain- elle entrera en vigueur mardi, lundi étant jour férié à Chypre. Aucun parti n'a la majorité absolue au sein du parlement monocaméral chypriote qui compte 56 députés. Trois partis ont déjà annoncé qu'ils ne soutiendraient pas le plan de la zone euro.
Selon Alex White, analyste chez JP Morgan, le président chypriote Nicos Anastasiades, qui recommande de voter le plan parce qu'il n'y a pas d'autre alternative à ses yeux, n'est assuré pour l'instant que de 26 à 28 voix au mieux. L'opposition espère en rassembler 26.
La banque de Chypre et la Laiki Bank ont diffusé des messages sur leur site internet britannique pour dire que la taxe ne s'appliquait pas aux banques chypriotes à l'étranger. La banque d'Espagne a dit qu'il n'y avait pas de signe de fuite des capitaux.
L'Irlande, qui fait partie des pays sauvés par la zone euro, a pris soin de rappeler que la taxe chypriote était exceptionnelle et qu'elle n'aurait pas de conséquences pour les déposants irlandais.
"L'ampleur d'une éventuelle contagion à d'autres pays de la périphérie en termes de retraits sur les dépôts et de dette souveraine est nettement plus limité que si ce genre de décision avait été pris dans de précédents programmes", relativisent les analystes de la banque Barclays dans une note.
"Nous estimons que la probabilité d'une ruée hors des banques dans les pays de la périphérie est limitée, y compris en Grèce."
SACRIFICES

Mais, à l'extérieur de la zone euro, l'on se montre beaucoup plus inquiet. A commencer par les investisseurs. Lundi matin en Asie, l'euro était en net repli.

"Je comprends que les électeurs en Allemagne et en Europe du Nord exigent certains sacrifices. Toutefois, si vous acceptez une solution qui à la base exproprie 10% des dépôts, vous mettez en place un dangereux précédent", a déclaré à Berlin Vladimir Dlouhy, ancien ministre tchèque de l'Economie et actuel conseiller international pour Goldman Sachs.
"Si les difficultés devaient augmenter, Dieu nous en préserve, ils pourrait tenter de prendre 50%", ajoute-t-il.
"Les termes du plan de sauvetage chypriote ne peuvent être pris de façon isolée. Les signaux envoyés aux pays de la zone euro en difficulté et aux déposants étrangers sont évidents. Ce n'est certes pas un événement du genre Lehman (Brothers), mais la même absence de préoccupation systémique est évident", commente Simon Evenett, professeur de commerce international à l'université de Saint-Gall en Suisse.
Sharon Bowles, présidente de la Commission des Affaires économiques et monétaires du Parlement européen, se dit écoeurée.
"Des garanties ont été instaurées sur les dépôts de façon à ce que les citoyens de toute l'UE ne soient pas incités à déplacer des fonds d'un pays à l'autre. Cela est désormais pulvérisé, dit-elle dans un communiqué.

"Bien qu'à la conférence de presse sur le sauvetage, on ait essayé de présenter ceci comme une mesure exceptionnelle, ils n'ont pas non plus exclu des mesures similaires ailleurs. (...) La confiance n'est plus là, de toute façon", commente Lars Seier Christensen, patron de la banque danoise Saxo, sur son blog. "Si l'on peut faire cela une fois, on pourra le refaire."

Commentaires

Posts les plus consultés de ce blog

Mao surf biensur mais aussi batterie a ces temps perdus