Le gouvernement devra augmenter les impôts en 2014
La baisse des dépenses
de 28 milliards en deux ans ne suffira pas à tenir le déficit.
Alors
qu'a eu lieu mardi le débat d'orientation sur les finances publiques de 2014 à
l'Assemblée, le gouvernement se défend de toute irresponsabilité budgétaire.
S'il fait le choix de ne pas colmater les brèches apparues en 2013 par rapport
à ses prévisions, c'est pour «ne pas ajouter l'austérité à la récession», selon
l'expression favorite du ministre de l'Économie, Pierre Moscovici. Dit autrement, les
moins-values de recettes liées à la mauvaise conjoncture ne seront pas
compensées cette année par un tour de vis fiscal, comme l'a confirmé François Hollande lundi à Ouest France.
L'effort
à fournir -par hausse d'impôt ou coupe de dépenses- aurait en effet été
conséquent: 13 milliards d'euros, selon les récentes évaluations de la
Cour des comptes. Voire même 20 milliards, selon l'estimation des députés
de l'opposition dévoilée il y a une semaine. En outre, le ballon d'oxygène
offert par la Commission européenne, donnant à Paris jusqu'à 2015 pour ramener
son déficit public sous la barre des 3%, permet d'éviter un tel effort.
Reste
que ce report accroît l'intensité des efforts qu'il va falloir faire en 2014
pour tenir les engagements. C'est «reculer pour mieux sauter», tonnent déjà
certains dans l'opposition. L'exécutif ne rentre pas pour l'instant dans cette
subtilité, se contentant de répéter que «la première année, nous avons baissé le
déficit avec deux tiers de prélèvements et un tiers d'économies; l'année
prochaine, nous ferons un tiers de prélèvements et deux tiers d'économies».
Soit un total de 14 milliards d'économies à dégager en 2014, puis en 2015,
a précisé hier Pierre Moscovici. Le ministre du Budget, Bernard Cazeneuve, a de son côté indiqué
que les prélèvements obligatoires (impôts et cotisations sociales réunies)
augmenteraient parallèlement de 6 milliards d'euros l'an prochain.
Hausse
de la TVA
Mais
il va falloir aussi compenser les mesures fiscales dont les effets budgétaires
disparaissent ou se réduisent dès 2014. Le choc s'annonce donc rude, d'autant
qu'il intervient après une hausse de prélèvements de 22 milliards en 2012
et de 33 en 2013. Ce sont donc en réalité, toujours d'après la Bernard
Cazeneuve, 12 milliards de recettes que Bercy va devoir trouver en 2014
pour bâtir les budgets de l'État et de la Sécurité sociale. Les ménages sont
déjà certains de subir une hausse d'au moins 6,6 milliards de la TVA. Fin
2012, le Parlement a décidé que, pour financer un tiers du crédit d'impôt compétitivité emploi (CICE),
le taux normal passerait de 19,6% à 20%, le taux intermédiaire de 7% à 10%,
tandis que le taux réduit baisserait de 5,5% à 5%. Aujourd'hui, certains
députés, comme le rapporteur PS du budget Christian Eckert, plaident pour que la
potion soit alourdie.
Autres
prélèvements déjà annoncés, qui rapporteront un milliard chacun: la baisse de
2000 à 1500 euros du plafond du quotient familial et
la hausse des cotisations aux régimes complémentaires de retraite. Et ce, sans
compter un relèvement des cotisations retraite de base qui pourrait être décidé
à l'automne dans le cadre de la réforme à venir
Mais en plus de cette facture, les ménages peuvent aussi s'attendre à un nouveau rognage des avantages de
l'assurance-vie et à des coups de canif dans les niches
fiscales et sociales.
Les
entreprises bénéficieront certes en 2014 de la ristourne due au CICE. Mais le
gouvernement veut que ce soient elles qui colmatent le trou de 6 milliards
lié à la baisse des rendements de certaines mesures. Les grandes entreprises,
qui utilisent davantage certains dispositifs, sont particulièrement dans le
collimateur. Comme l'a annoncé Bernard Cazeneuve, le budget 2014 comportera
également des mesures de fiscalité écologique. Enfin, le gouvernement compte
récolter 2,5 milliards de plus grâce à la lutte contre la fraude fiscale.
Pas vraiment le grand soir fiscal réclamé par la gauche de la gauche mais une
nouvelle potion amère pour les ménages et les entreprises
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